ABDELALI BESRI: « JE REITERE L’ENGAGEMENT DE LEMM AUPRES DES AUTORITES POUR CONTRIBUER A LA REUSSITE ET LA PERENNITE DE L’AMO GENERALISEE »
Support : 2M.ma
Le ministère de la Santé et de la Protection Sociale a organisé récemment, en partenariat avec Les Entreprises du Médicament au Maroc (LEMM), un symposium sur l’accès équitable à l’innovation thérapeutique. Cette journée de travail a vu la participation de l’ensemble des acteurs impliqués dans ce grand chantier social et sociétal. Lors de cet événement, l’accent a été mis sur le rôle que les filiales marocaines des entreprises biopharmaceutiques internationales sont appelées à jouer dans le chantier de la généralisation de l’AMO, notamment en vue de déployer des solutions de financement de l’innovation thérapeutique, adaptées aux spécificités de notre système de santé. Le président de LEEM, Abdelali Besri, a répondu aux questions de 2M.ma.
2M.ma – Quelles sont les répercussions attendues de cet accès équitable sur le chantier de généralisation de l’AMO ?
Abdelali Besri: Nous avons vu tout au long du Symposium que l’introduction et l’amélioration de l’accès à l’innovation thérapeutique n’est pas un luxe dans un pays comme le nôtre, où la population est en pleine transition épidémiologique. C’est aussi une opportunité pour nous de bien en comprendre les enjeux lors de ce grand programme de réforme du système de santé. Nous sommes résolument engagés à accompagner ce grand chantier pour aboutir à un système pérenne et équitable, à la lumière de la mise en œuvre de la CSU.
Comme cela a été exposé et démontré au long de cette journée de travail, l’introduction précoce de l’innovation thérapeutique génère une valeur sociétale et économique et contribue de manière efficiente dans l’organisation des systèmes de soins. De nombreux traitements innovants ont permis de transformer des maladies lourdes en maladies chroniques gérables. Exemple : dans le cas de la polyarthrite rhumatoïde, maladie extrêmement invalidante, nous sommes passés grâce à l’avènement des biothérapies, à la modification de la maladie par le ciblage de l’inflammation sous-jacente. Aussi, dans l’hépatite C, les avancées thérapeutiques ont fortement impacté la filière des soins par la réduction importante du nombre de consultations et de greffes hépatiques. Cette dernière sera considérée comme maladie rare d’ici 2036. Dans la schizophrénie, l’introduction de nouveaux traitements a réduit de plus d’un tiers les hospitalisations permettant une meilleure organisation dans les services de psychiatrie ou la prise en charge est particulièrement lourde. Sur un autre registre, nous pouvons donner l’exemple du taux d’insertion professionnelle qui est de plus de 75% chez des patients atteins de cancer grâce aux thérapies innovantes et aux nouvelles technologies.
En résumé, parce qu’un patient est d’abord un citoyen, avec un rôle social et économique, lui donner un accès aux meilleurs traitement et soins permet de préserver la chaine de valeur à laquelle il contribue aussi bien au sein de son environnement immédiat, que dans la société en général.
2M.ma – Dans le but de garantir l’accès équitable du patient marocain à l’ensemble des innovations technologiques, quelles pistes ce symposium a-t-il permis d’identifier ? (Modèles de financement, modes de gouvernance, etc.)
En effet, se pose, avec acuité, la question de la régulation et du financement de ces innovations thérapeutiques. La question est simple : comment assurer un accès équitable aux innovations tout en préservant les équilibres économiques et financier du système de santé ?
Lors du symposium, les experts ont démontré l’apport de l’innovation thérapeutique et sa valeur ajoutée dans les systèmes de santé. Grâce aux benchmarks présentés, dans des pays économiquement similaires ou non au Maroc (Pologne, Egypte, Arabie Saoudite, France, République Tchèque, pays de l’OCDE), nous avons pu identifier les forces de chaque modèle, et comment l’innovation est valorisée dans les systèmes d’assurance maladie. Il a ainsi été démontré que les solutions présentées, tels que les contrats innovants ou le partage de risque, permettent de générer des économies conséquentes sur le moyen et long terme.
Les contrats innovants, PPP, sont des solutions de co-financement qui ont montré leur pertinence. Ils sont soit financiers soit de performance. La majorité (93%) des accords dans les pays de l’OCDE sont des accords financiers ou des accords ayant des clauses financières.
En 2022, malgré des dépenses de santé totales (<6% PIB), sous la moyenne de l’OCDE (8.8%), la Pologne a donné l’accès à plus de molécules innovantes que l’Espagne et la France. En Italie, où le système de santé est mature, les accords de performance sont priorisés, mais les autorités continuent d’utiliser des accords financiers pour générer des économies importantes. Selon l’Agence Italienne des Médicaments – AIFA, les accords financiers ont permis d’économiser 344 millions d’euros en 2021 au système italien.
Je souhaite ajouter qu’aucun modèle d’un pays ne peut être dupliqué et mis en place dans un autre pays. Pour la pérennité d’un système, les solutions de financement doivent émaner de chaque pays en respectant ses spécificités.
2M.ma – Plus globalement et dans une logique de complémentarité avec les autres acteurs, quels autres rôles les filiales marocaines des entreprises biotechnologiques internationales peuvent-elles jouer dans le chantier de la mise à niveau du Système national de Santé ?
L’intérêt commun pour l’amélioration de l’accès des patients à des soins optimaux nécessite la convergence de l’ensemble des acteurs vers un espace commun basés sur les partenariats. Afin que ces derniers soient efficaces, 5 principes fondamentaux sont applicables à toutes les parties prenantes : Définir l’enjeu commun ; Écouter pour comprendre ; Être authentique et sincère ; Définir et identifier les solutions ; Implémenter les solutions.
À ce titre, je réitère l’engagement de LEMM auprès des autorités pour contribuer à la réussite et la pérennité de l’AMO généralisée.