La Recherche biomédicale, des avancées probantes pour le Maroc
Myriem Tamimy
Secrétaire Générale de LEMM (Les Entreprises du Médicament au Maroc )
Support : Medias 24
Si l’innovation fut longtemps considérée comme un luxe et une sorte de graal accessible seulement aux puissances occidentales, elle est aujourd’hui devenue au cœur des stratégies de développement de nombreux pays émergents tels que la Turquie, l’Ukraine ou encore la Malaisie.
Pour sa part, le Maroc n’est pas insensible à ce sujet. Sa Majesté le Roi Mohammed VI l’a fortement souligné lors de son discours d’ouverture de la session parlementaire du 12 octobre 2018. Sa Majesté a en effet, rappelé l’importance de l’ouverture du Royaume aux entreprises internationales innovantes et porteuses de compétences transférables au niveau local, et notamment dans le secteur de la santé. L’impact socioéconomique de cette approche n’est plus à démontrer, notamment en termes de création de valeur ou encore de nouveaux emplois qualifiés.
Il est d’ailleurs intéressant de louer les efforts du Royaume dans le domaine de la promotion de l’innovation. En effet, pour la première fois, le Maroc est entré dans le classement de l’International Index PI, se positionnant 21e sur 50. Une progression due notamment aux efforts réalisés en matière de protection de la propriété intellectuelle et de promotion de l’innovation.
L’engagement des autorités marocaines s’est traduit récemment lors de l’inauguration, par le chef du gouvernement, en février 2018, du premier Colloque national dédié à la recherche biomédicale au Maroc.
Cet évènement historique, qui a rassemblé l’ensemble des autorités marocaines et d’éminents chercheurs internationaux et nationaux, a posé les jalons d’une vision courageuse pour la mise en place d’une véritable industrie de la Recherche Biomédicale au Maroc. Dans ce cas précis, le terme « industrie » est porteur de sens aussi bien sur le plan sémantique que stratégique.
Autrement dit, la recherche n’est pas seulement un processus de production de brevets et d’innovations, elle est aussi une véritable industrie dont les externalités sont multidimensionnelles.
Bien entendu, l’exemple de pays leader dans le domaine est criant: aux Etats-Unis, cette activité a généré plus de900.000 emplois directs et près de 5 millions d’emplois indirects, avec des revenus dépassant les mille milliards de dollars.
On peut également se référer à plusieurs pays émergents de taille plus modeste mais qui ont pris la décision récente de s’ouvrir à la R&D Biomédicale. L’Ukraine par exemple a pu attirer, en quelques années, la R&D internationale alors même qu’elle n’était pas présente auparavant. Près de 400 études cliniques sont ouvertes par an, générant une activité économique de l’ordre de 150 millions de dollars d’investissement par an, prenant en charge près de 50.000 patients, sans compter les milliers d’emplois directs et indirects créés.
Outre l’impact économique, la recherche biomédicale améliore la qualité des soins et offre de nombreuses opportunités pour les pays concernés. Tout d’abord, sur le plan sanitaire grâce à un accès précoce des patients aux médicaments issus de la dernière innovation puis sur le plan scientifique, à travers un transfert des connaissances et des technologies, et par la création de nouveaux métiers, passant par des plans de formation de haut niveau.
Cela dit, la mise en place d’un écosystème de la recherche biomédicale est tributaire de plusieurs paramètres essentiels, plus ou moins complexes dans leur déploiement. Je peux citer trois fondamentaux:
Tout d’abord, le capital humain est au centre névralgique de toute politique publique en matière d’innovation. Celui-ci détermine le niveau de qualité et de compétitivité des projets. Ce facteur humain nécessite du temps pour sa mise en place, son maintien et son renforcement.
Ensuite, dans le cadre des projets d’essais cliniques, en particulier de haute technicité, l’investissement dans les équipements des hôpitaux doit être suffisamment conséquent. A ce titre, l’engagement matériel (infrastructures, équipements et médicaments) des laboratoires biopharmaceutiques permet de répondre de manière structurelle à ce besoin et favorise, de fait, l’accès aux soins aux patients.
Le troisième axe est l’encadrement règlementaire qui doit à la fois réguler et contrôler les bonnes pratiques, mais qui doit aussi faciliter l’enregistrement des études et de la Recherche en général. Enfin, nerf de la guerre, le financement doit provenir de sources variées avec une approche systémique du risque: public, privé et mixte.
Il faut souligner qu’au niveau mondial, 11.000 nouvelles études cliniques sont initiées chaque année, soit une évolution de 30% par rapport à 2006. Cette croissance est dûe principalement à l’augmentation des requis règlementaires pour l’approbation des médicaments, qu’ils soient innovants ou génériques. A présent, une partie des pays dits « émergents » sont acteurs de cette recherche internationale et intègrent eux aussi ces études. Grâce à une politique de passerelle et d’échange de talents entre le monde industriel et académique, ces pays ont pu obtenir très rapidement des résultats efficients, et dans le respect de la triple contrainte: coût / rapidité d’exécution et d’approbation/ qualité et éthique.
C’est ainsi que l’Ukraine a pu, grâce à une politique volontariste de son gouvernement enregistrer des résultats marquants qui ont non seulement transformé le paysage de sa recherche, mais aussi de son image au niveau mondial. Le gouvernement ukrainien a mis en place des mesures concrètes telles que la simplification de la procédure d’approbation des études cliniques avec une réduction des délais à 55 jours, la simplification de la procédure d’importation du matériel nécessaire aux études, la dérégulation de la législation relative aux assurances, un allégement fiscal pour les produits médicaux et le renforcement du pool d’investigateurs avec plus de 750 spécialistes expérimentés et formés aux bonnes pratiques cliniques internationales. Ce sont aussi près de 1.500 sites d’investigation clinique qui participent au recrutement et au traitement de 50.000 patients par an.
Le Maroc dispose de nombreux atouts pour créer un écosystème intégré de la recherche biomédicale. Le Royaume dispose en effet d’infrastructures universitaires et hospitalières développées, d’une large diversité de son génome, des patients en attente de traitements innovants, et de professionnels, médecins et chercheurs, qualifiés.
Les autorités marocaines sont aujourd’hui foncièrement convaincues du potentiel que représente la Recherche Biomédicale, aussi bien sur le plan sanitaire, économique que social. C’est pourquoi, l’Etat doit continuer à jouer son rôle de facilitateur, particulièrement en améliorant l’assise juridique et la gouvernance de sa recherche biomédicale.
A ce titre, deux mesures concrètes peuvent rapidement porter leurs fruits: la création d’un Guichet unique qui facilitera la mise en place des études en centralisant l’ensemble des approbations requises par les différentes administrations, comité d’éthique et ministères; le deuxième est la réduction des délais d’approbation à 30-45 jours comme vient de le faire la Belgique.
La France, quant à elle, a lancé deux types de Fast Track pour les essais cliniques: un dédié à l’accès à l’innovation pour les traitements innovants, puis un second dédié à un soutien au développement avec la mise en place de nouveaux essais avec une molécule connue.
Pour atteindre ces objectifs, il est nécessaire de mobiliser l’ensemble des acteurs de santé autour d’un cap commun: positionner le Maroc comme un des leaders régionaux de la recherche. Un livre blanc dédié à la recherche biomédicale sera d’ailleurs publié très prochainement. Réalisé de manière collégiale avec l’ensemble des professionnels de santé, publics et privés, celui-ci présentera un ensemble de recommandation et mesures prioritaires, ainsi que les modalités d’exécution de celles-ci
Que signifie la recherche biomédicale?
La recherche biomédicale est un domaine d’études qui vise à améliorer les connaissances en matière de santé. Elle se base sur le recueil, chez des personnes volontaires, d’informations à caractère biologique et/ou médical, recherche médicale, recherche clinique, essai clinique, essai thérapeutique, au sens de la loi, tous ces termes désignent des recherches biomédicales.
La recherche biomédicale vise à mieux connaître les maladies, à mieux les dépister ou les contrôler, à les guérir ou encore à les prévenir. La recherche biomédicale est indispensable au progrès médical.
Cette activité suit un long processus de sa conception jusqu’à l’analyse des résultats. En effet, pour assurer une sécurité maximale aux participants, les recherches sont strictement encadrées par la loi. Elles sont conçues et menées par des équipes pluridisciplinaires de personnes qualifiées, travaillant selon un protocole établi. Tout au long d’une recherche, des comités surveillent son déroulement.
Il est d’ailleurs intéressant de louer les efforts du Royaume dans le domaine de la promotion de l’innovation. En effet, pour la première fois, le Maroc est entré dans le classement de l’International Index PI, se positionnant 21e sur 50. Une progression due notamment aux efforts réalisés en matière de protection de la propriété intellectuelle et de promotion de l’innovation.
L’engagement des autorités marocaines s’est traduit récemment lors de l’inauguration, par le chef du gouvernement, en février 2018, du premier Colloque national dédié à la recherche biomédicale au Maroc.
Cet évènement historique, qui a rassemblé l’ensemble des autorités marocaines et d’éminents chercheurs internationaux et nationaux, a posé les jalons d’une vision courageuse pour la mise en place d’une véritable industrie de la Recherche Biomédicale au Maroc. Dans ce cas précis, le terme « industrie » est porteur de sens aussi bien sur le plan sémantique que stratégique.
Autrement dit, la recherche n’est pas seulement un processus de production de brevets et d’innovations, elle est aussi une véritable industrie dont les externalités sont multidimensionnelles.
Bien entendu, l’exemple de pays leader dans le domaine est criant: aux Etats-Unis, cette activité a généré plus de900.000 emplois directs et près de 5 millions d’emplois indirects, avec des revenus dépassant les mille milliards de dollars.
On peut également se référer à plusieurs pays émergents de taille plus modeste mais qui ont pris la décision récente de s’ouvrir à la R&D Biomédicale. L’Ukraine par exemple a pu attirer, en quelques années, la R&D internationale alors même qu’elle n’était pas présente auparavant. Près de 400 études cliniques sont ouvertes par an, générant une activité économique de l’ordre de 150 millions de dollars d’investissement par an, prenant en charge près de 50.000 patients, sans compter les milliers d’emplois directs et indirects créés.
Outre l’impact économique, la recherche biomédicale améliore la qualité des soins et offre de nombreuses opportunités pour les pays concernés. Tout d’abord, sur le plan sanitaire grâce à un accès précoce des patients aux médicaments issus de la dernière innovation puis sur le plan scientifique, à travers un transfert des connaissances et des technologies, et par la création de nouveaux métiers, passant par des plans de formation de haut niveau.
Cela dit, la mise en place d’un écosystème de la recherche biomédicale est tributaire de plusieurs paramètres essentiels, plus ou moins complexes dans leur déploiement. Je peux citer trois fondamentaux:
Tout d’abord, le capital humain est au centre névralgique de toute politique publique en matière d’innovation. Celui-ci détermine le niveau de qualité et de compétitivité des projets. Ce facteur humain nécessite du temps pour sa mise en place, son maintien et son renforcement.
Ensuite, dans le cadre des projets d’essais cliniques, en particulier de haute technicité, l’investissement dans les équipements des hôpitaux doit être suffisamment conséquent. A ce titre, l’engagement matériel (infrastructures, équipements et médicaments) des laboratoires biopharmaceutiques permet de répondre de manière structurelle à ce besoin et favorise, de fait, l’accès aux soins aux patients.
Le troisième axe est l’encadrement règlementaire qui doit à la fois réguler et contrôler les bonnes pratiques, mais qui doit aussi faciliter l’enregistrement des études et de la Recherche en général. Enfin, nerf de la guerre, le financement doit provenir de sources variées avec une approche systémique du risque: public, privé et mixte.
Il faut souligner qu’au niveau mondial, 11.000 nouvelles études cliniques sont initiées chaque année, soit une évolution de 30% par rapport à 2006. Cette croissance est dûe principalement à l’augmentation des requis règlementaires pour l’approbation des médicaments, qu’ils soient innovants ou génériques. A présent, une partie des pays dits « émergents » sont acteurs de cette recherche internationale et intègrent eux aussi ces études. Grâce à une politique de passerelle et d’échange de talents entre le monde industriel et académique, ces pays ont pu obtenir très rapidement des résultats efficients, et dans le respect de la triple contrainte: coût / rapidité d’exécution et d’approbation/ qualité et éthique.
C’est ainsi que l’Ukraine a pu, grâce à une politique volontariste de son gouvernement enregistrer des résultats marquants qui ont non seulement transformé le paysage de sa recherche, mais aussi de son image au niveau mondial. Le gouvernement ukrainien a mis en place des mesures concrètes telles que la simplification de la procédure d’approbation des études cliniques avec une réduction des délais à 55 jours, la simplification de la procédure d’importation du matériel nécessaire aux études, la dérégulation de la législation relative aux assurances, un allégement fiscal pour les produits médicaux et le renforcement du pool d’investigateurs avec plus de 750 spécialistes expérimentés et formés aux bonnes pratiques cliniques internationales. Ce sont aussi près de 1.500 sites d’investigation clinique qui participent au recrutement et au traitement de 50.000 patients par an.
Le Maroc dispose de nombreux atouts pour créer un écosystème intégré de la recherche biomédicale. Le Royaume dispose en effet d’infrastructures universitaires et hospitalières développées, d’une large diversité de son génome, des patients en attente de traitements innovants, et de professionnels, médecins et chercheurs, qualifiés.
Les autorités marocaines sont aujourd’hui foncièrement convaincues du potentiel que représente la Recherche Biomédicale, aussi bien sur le plan sanitaire, économique que social. C’est pourquoi, l’Etat doit continuer à jouer son rôle de facilitateur, particulièrement en améliorant l’assise juridique et la gouvernance de sa recherche biomédicale.
A ce titre, deux mesures concrètes peuvent rapidement porter leurs fruits: la création d’un Guichet unique qui facilitera la mise en place des études en centralisant l’ensemble des approbations requises par les différentes administrations, comité d’éthique et ministères; le deuxième est la réduction des délais d’approbation à 30-45 jours comme vient de le faire la Belgique.
La France, quant à elle, a lancé deux types de Fast Track pour les essais cliniques: un dédié à l’accès à l’innovation pour les traitements innovants, puis un second dédié à un soutien au développement avec la mise en place de nouveaux essais avec une molécule connue.
Pour atteindre ces objectifs, il est nécessaire de mobiliser l’ensemble des acteurs de santé autour d’un cap commun: positionner le Maroc comme un des leaders régionaux de la recherche. Un livre blanc dédié à la recherche biomédicale sera d’ailleurs publié très prochainement. Réalisé de manière collégiale avec l’ensemble des professionnels de santé, publics et privés, celui-ci présentera un ensemble de recommandation et mesures prioritaires, ainsi que les modalités d’exécution de celles-ci
Que signifie la recherche biomédicale?
La recherche biomédicale est un domaine d’études qui vise à améliorer les connaissances en matière de santé. Elle se base sur le recueil, chez des personnes volontaires, d’informations à caractère biologique et/ou médical, recherche médicale, recherche clinique, essai clinique, essai thérapeutique, au sens de la loi, tous ces termes désignent des recherches biomédicales.
La recherche biomédicale vise à mieux connaître les maladies, à mieux les dépister ou les contrôler, à les guérir ou encore à les prévenir. La recherche biomédicale est indispensable au progrès médical.
Cette activité suit un long processus de sa conception jusqu’à l’analyse des résultats. En effet, pour assurer une sécurité maximale aux participants, les recherches sont strictement encadrées par la loi. Elles sont conçues et menées par des équipes pluridisciplinaires de personnes qualifiées, travaillant selon un protocole établi. Tout au long d’une recherche, des comités surveillent son déroulement.
Myriem Tamimy
Secrétaire Générale de LEMM (Les Entreprises du Médicament au Maroc)